Portrait d’étudiante : Carlota, 18 ans
Carlota a 18 ans. Elle est étudiante à l’IUT Montpellier-Sète en Gestion des Entreprises & des Administrations. La comptabilité, elle adore ça, mais sa passion est ailleurs et la fait voyager dans un monde bien différent de celui de la gestion : Carlota est danseuse de breakdance et elle rêve aux JO 2024 !
C’est à 6 ans qu’elle rencontre cette discipline lors d’un atelier d’initiation à l’école. « De base, je voulais faire du judo mais ce n’était pas possible alors pour me consoler on m’a amené là-bas. Le cours s’est super bien passé et je n’en ai plus loupé un. Je m’éclatais à chaque fois » se rappelle-t-elle. Difficile de prédire le parcours qui allait s’en suivre pour ce qui était avant tout un défouloir.
Aujourd’hui, le break a pris une toute autre ampleur dans sa vie. « Je suis sportive de haut niveau donc j’ai des objectifs sportifs liés à la discipline et je suis aussi auto-entrepreneuse. Maintenant, c’est ce qui m’anime mais de manière plus concrète. ». À seulement 18 ans son palmarès est bluffant. En 2015, elle remporte le championnat de France All School. En 2017, elle se qualifie avec une médaille de bronze au Championnat Europe/Afrique, puis se classe dans le Top 8 mondial à Tokyo. Ce parcours lui vaut sa qualification aux Jeux Olympiques de la Jeunesse où elle finit 5èmeen 2018.
À côté de ça, avec son auto-entreprise, Carlota fait des démonstrations, donne des cours, anime des ateliers dans les écoles comme lors de la Semaine Olympique & Paralympique pour initier les élèves à la danse. « Heureusement que ma mère est là, elle m’aide beaucoup » reconnaît t-elle.
Ses parents d’ailleurs furent réticents au début face à cette discipline, alors en mal de popularité : « c’est une discipline émergente avec énormément de changement » nous dit Carlota. Changement notoire : en 2019 le break dance est passé de discipline culturelle à discipline sportive avec son entrée aux Jeux Olympiques.
L’ambition à tous les niveaux
C’est dans son club à Pertuis (Vaucluse) que pendant 11 ans Carlota va s’entraîner tout en suivant un parcours scolaire « classique ». Au lycée, sa participation aux Jeux Olympiques de la jeunesse à Buenos Aires lui fait rater 3 semaines de classe mais les enseignants se montrent très compréhensifs car elle réussit toujours à allier les 2 avec succès. Preuve en est, elle empoche, en 2020, un bac ES avec mention Très Bien.
Studieuse et ambitieuse, Carlota se voyait déjà en école de commerce sans trop savoir comment y accéder. C’est grâce à un enseignant de son lycée qu’elle trouvera sa voie à l’IUT.
À la rentrée 2020, Carlota intègre le département d’enseignement GEA (Gestion des Entreprises & des Administrations). « Je n’aurai pas pu faire meilleur choix que GEA » raconte t’elle, « ça m’apporte tous les outils dont je vais avoir besoin en tant qu’auto-entrepreneuse ». De la comptabilité, au droit en passant par la fiscalité et la gestion, c’est une formation pluridisciplinaire qui lui permet de développer de nombreuses compétences.
En tant que Sportive de Haut Niveau, elle savait aussi que venir à l’IUT c’était l’assurance d’un accompagnement personnalisé. En travaillant main dans la main avec les équipes pédagogiques, Carlota a pu établir une relation de confiance avec l’IUT : son emploi du temps est aménagé et elle se donne à fond pour obtenir son diplôme au plus vite.
Quant au choix de la ville de Montpellier, il n’est pas anodin non plus nous explique l’étudiante : « c’est une ville jeune et dynamique, où on se sent en sécurité. Je voulais vraiment arriver à créer un environnement propice à mon évolution ». Danse à l’origine urbaine, le break se base sur le partage. On se regroupe, on danse, on crée, on échange des mouvements. « Je n’avais pas beaucoup cette démarche à mes débuts mais plutôt une approche sportive/performance » se rappelle Carlota. « Avec mon coach, on s’est rendu compte qu’il me manquait un truc, je dansais comme une élève et pas forcément comme une danseuse. Il fallait que j’aille me construire, moi. Aller chercher ce dont j’avais besoin ». Montpellier a été son choix pour se lancer ce nouveau défi. Elle s’entraîne maintenant au CREPS (Centres de ressources, d’expertise et de performance sportive) où elle a accès à une salle d’entraînement, de la kiné, de la préparation physique etc.
Objectif 2024
Pas évident à ce stade de se projeter sur une carrière ou une poursuite d’études, mais l’obtention de son DUT est non-négociable pour Carlota : « ce diplôme va me donner de la matière et m’aider à savoir ce dont j’ai besoin pour la suite ». Et pas question de sacrifier ses études même si la danse reste sa priorité : « je me suis rendu compte que je devais mener mon objectif sportif maintenant car c’est en ce moment que je suis le plus en forme » nous dit-elle, « mais je continuerai d’allier les deux même si c’est plus long et qu’il faut plus d’aménagements ».
Au niveau sportif, l’objectif c’est Paris 2024. Trois ans pendant lesquels il faudra assurer aux compétitions (régionales, nationales, mondiale) pour garder le titre d’Athlète de Haut Niveau et espérer être qualifié sur classement. Le planning promet d’être chargé !
Il est vrai aussi que le passage du break à discipline sportive lui a permis de découvrir de nouveaux aspects comme le fonctionnement d’une fédération ou d’un comité Olympique. « Ce qui m’a le plus touché lors des JO de la Jeunesse » se rappelle t’elle « c’est qu’il y avait des anciens sportifs qui nous ont accompagnés pendant toute l’aventure. C’était hyper motivant. J’aimerai bien m’engager dans ce sens-là ». Après avoir participé à de nombreuses interventions pour Paris 2024, son envie de faire vivre sa discipline est d’autant plus présent.
Quant à sa carrière sur le long terme, on verra ce que l’avenir lui réserve. « Avant c’était rare de vivre seulement du break. Beaucoup de danseurs rejoignaient la Team Redbull. Aujourd’hui ça attire beaucoup plus de monde, j’ai des partenariats que je n’aurai jamais eu avant. » explique Carlota en citant pour exemple son intégration à la TEAM CEPAC, pool d’athlètes sponsorisés par la Caisse d’Épargne.
Danser pour se surpasser
Au-delà d’une discipline sportive, pour Carlota le break c’est aussi un mode de vie : « ça m’a apporté tout ce qu’on peut espérer d’un sport, ça m’a amené à me dépenser, me surpasser et à me faire confiance. Si je n’avais pas fait du break je n’aurai pas été capable de m’exprimer autant. ».
Beaucoup de sportifs nous le disent mais, Carlota insiste, c’est d’autant plus vrai pour le break car on y parle de confrontation, de battle : « le but c’est de s’exprimer. C’est un combat à travers la danse où on se bat avec nos armes qui sont nos pas de danse et avec notre personnalité. ». Le processus de création est très important pour les danseurs car il permet de mettre en avant leur singularité notamment avec leurs « mouvements signature ».
« Il y a ce jeu en battle, au-delà de la danse, comme un jeu d’acteur. Le but c’est de bomber le torse, de montrer que tu es meilleur que l’autre. Ensuite il y a pleins d’essais, de gestes pour déstabiliser l’adversaire. C’est ça qui m’a beaucoup aidé à m’exprimer. Ça fait partie du jeu. »
Toutefois, il faut aussi reconnaître que cette vie de sportive de haut niveau peut avoir des inconvénients. Même si c’est un choix qu’elle assume depuis longtemps, Carlota avoue qu’au niveau social cela n’a pas toujours été facile : « les amis ne comprennent pas toujours pourquoi on s’investit autant dans le sport ». Son emploi du temps chargé l’a souvent amené à manquer les goûters d’anniversaire et les weekends entre amis. Encore aujourd’hui, à son arrivée à l’université, il a été plus difficile de nouer des relations : c’est l’entraînement avant les afterworks et les soirées d’intégration.
Mais quand on sait ce qu’on veut, il faut s’en donner les moyens. Carlota en est la preuve vivante !
Un parcours à suivre de près !
Crédits photos : Laura Gilli, Marlone Alvarez